LE VOYAGE ALCHIMIQUE

DOSSIER N°2

Spiritualité

 

LE VOYAGE ALCHIMIQUE

Sur les chemins de la pierre philosophale.

Un film de Georges Combe.

 Un voyage initiatique en sept étapes.

 

La mystérieuse « Etoile » des alchimistes.

 

Retour Accueil Dossiers

 

 

 

Le Voyage Alchimique est une série de 7 films de 52 minutes chacun qui vous invite à découvrir progressivement, les secrets de l’alchimie. C’est un véritable voyage initiatique qui part de la Grand ’Place de Bruxelles, et qui nous emmène à Saint-Jacques de Compostelle, en passant par Chartres, le Mont Saint-Michel et Rocamadour. C’est la partie « en intérieure », si l’on veut, de notre découverte de l’alchimie. Le retour est au contraire plus pratique et constitue les deux dernières étapes. En passant à nouveau par Chartres, puis en découvrant à Paris les traces de Nicolas Flamel, les vitraux de Saint-Etienne du Mont, et surtout le portail central de Notre-Dame de Paris, on comprend la succession des opérations concrètes qui peuvent conduire à la fameuse Pierre Philosophale. Patrick Burensteinas, scientifique et alchimiste, nous accompagne pendant tout notre périple. Il illustre par des expériences dans son laboratoire ce que chaque étape de ce fabuleux voyage nous apprend. Ce Voyage Alchimique nous familiarise donc avec le monde mystérieux de l’alchimie, mais bien plus que cela, il nous emmène jusqu’aux racines de notre culture occidentale : on découvre que les religions, les mythes, les légendes, les romans, les opéras, l’architecture traditionnelle, et les ornements des monuments, sont reliés au message des alchimistes. C’est alors toute une nouvelle vision de notre monde qui apparaît à l’issue de ce grand voyage qui devient une sorte de révélation. Alors au cours du chemin, et de lieu en lieu, se pose la question suivante : mais d’où vient donc cette connaissance mystérieuse des alchimistes, transmise à travers les générations pendant des millénaires ?

                                                                                     Georges Combe

 

 

PREMIERE ETAPE DU VOYAGE : BRUXELLES.

 

La Grand ’Place de Bruxelles.

 

 

DEUXIEME ETAPE DU VOYAGE : CHARTRES.

 

Seconde étape du Voyage Alchimique : La Cathédrale Notre-Dame de Chartres.

 

Le labyrinthe de la Cathédrale de Chartres, symbole de la quête alchimique.

 

 

TROISIEME ETAPE DU VOYAGE : LE MONT SAINT-MICHEL.

 

Troisième étape du Voyage Alchimique : Le Mont Saint-Michel.

 

 

QUATRIEME ETAPE DU VOYAGE : ROCAMADOUR.

 

La quatrième étape de notre Voyage Alchimique est une étape essentielle.

Sur la Grand’Place de Bruxelles, nous avons découvert de nombreux

symboles et principes alchimiques.

 

A Chartres et au Mont Saint-Michel,

nous avons vécu la puissance de l’architecture. Elle était

capable de nous faire deviner d’autres dimensions de notre monde.

Maintenant, à Rocamadour, c’est le monde lui-même, c’est-à-dire la

Nature, qui va s’offrir à nous.

 

La situation très étrange de ce haut-lieu, qui s’appelait autrefois

« le val Ténébreux », nous met d’abord en condition pour nous ouvrir

les portes de la vallée de l’Alzou, que surplombe Rocamadour.

Une vallée où la nature a gardé tous ses pouvoirs et tous ses droits.

En nous enfonçant dans les profondeurs de la vallée en compagnie de

Patrick Burensteinas, nous allons peu à peu ressentir la présence

mystérieuse et subtile des « élémentaux », c’est-à-dire les « esprits »

des éléments : les traditions les appellent « gnômes » pour la terre,

« sylphes » pour l’air, « ondines » pour l’eau, et « salamandres » pour le

feu. Ces entités apporteront une aide précieuse et indispensable à

l’alchimiste. Elles lui permettront de s’unir à la nature pour

travailler sa « matière première », une matière qui justement lui est

donnée par la nature...

 

Ce dialogue de l’alchimiste avec les forces naturelles que nous

découvrons à Rocamadour ne se fait pas avec le « mental » et le

conscient. Il fait appel aux archétypes et à l’imaginaire universel.

Toutes les mythologies ont mentionné ces « esprits » de la nature et

l’alchimie s’inscrit dans cette pensée aussi ancienne que le monde.

Pour avoir son efficacité, l’alchimie doit puiser dans les forces qui

sont dans notre inconscient et dont la plupart des contes des fées de

notre enfance se font l’écho...

 

A Rocamadour, nous sommes entrés dans un univers poétique et

extraordinaire. Il va nous amener jusqu’à penser l’origine même du

monde. La quête de l’alchimiste s’affirme désormais comme une quête

métaphysique. C’est pourquoi, après avoir parcouru la vallée de

l’Alzou, nous sommes prêts à entreprendre notre cinquième étape,

Saint-Jacques de Compostelle, où nous trouverons enfin le secret de

La « matière première » de l’alchimiste en Occident.

 

 

CINQUIEME ETAPE DU VOYAGE : SAINT-JACQUES DE COMPOSTELLE.

 

A Bruxelles, nous avons découvert la beauté et la logique des

symboles alchimiques, à Chartres et au Mont Saint-Michel, la

puissance et le message de l’architecture, à Rocamadour, les forces

subtiles de la nature. En approchant de Saint-Jacques, c’est la

finalité même du Grand Oeuvre alchimique que nous allons ressentir.

Sur le Chemin, nos pas semblent nous conduire inexorablement vers un

autre monde, celui que nous ouvre l’alchimie. D’étape en étape, nous

allons questionner la Mort (« l’âme-hors » du corps) et le Temps. Symboles,

mythes et lieux privilégiés se mêleront pour préciser ces

interrogations avant que la Pierre Philosophale nous apporte une

réponse. La route de Saint-Jacques est bien une route alchimique.

 

D’abord, au col de Roncevaux, nous rencontrons le souvenir de Roland,

dont l’épée avait été emportée par Saint-Michel et plantée dans la

falaise de Rocamadour. A Eunate, nous découvrons une chapelle

octogonale qui, par sa forme, fait le lien entre le Ciel et la Terre.

C’est un lieu habité par Mercure et Saint-Michel...

L’église est attribuée aux Templiers et, comme tout lieu magique et sacré,

Elle est encore pourvue de sa triple enceinte énergétique. Plus loin sur

le chemin, c’est à une véritable méditation sur la Mort, les

apparences, et le sens de l’Oeuvre au Noir que nous convient les murs

de Castrojeriz. Enfin, à l’entrée de la Galice, le col du Cebreiro

nous amène à comprendre que le chemin de Saint-Jacques ne nous fait

pas seulement traverser l’espace ; il est aussi une Porte du Temps.

 

Le Chemin de Saint-Jacques est un véritable parcours initiatique.

Antérieur au pèlerinage chrétien, il est aussi le reflet des

mythologies gréco-latines et celtes. C’est ainsi que nous retrouvons

Hercule, que nous avions entrevu à Bruxelles et que le Mont Saint-Michel

évoquait puisqu’on le qualifiait parfois de « port d’Hercule ».

Hercule est une des personnifications de l’alchimiste, et ses Travaux

sont souvent comparés à ceux qui conduisent à la Pierre Philosophale.

C’est ainsi qu’en entrant dans la cathédrale de Saint-Jacques de

Compostelle, nous avons la surprise de voir qu’Hercule est là pour

nous accueillir. II soutient le trumeau du fameux « portail de gloire »

de maître Mathieu. L’alchimie peut expliquer cette présence incongrue

dans un édifice chrétien, mais la mythologie et les légendes viennent

l’enrichir : Hercule avait cueilli les pommes d’or du fameux jardin

des Hespérides, que certains situent sur une île à l’ouest de

l’Espagne et fait le lien avec les légendes celtes et l’île

d’Avallon, qui est aussi une « île des pommes ». Ces mystérieuses  « pommes » apportent la

connaissance des choses secrètes et sacrées, elles permettent de vaincre le

Temps et de trouver l’Eternelle Jeunesse. Le Chemin de Saint-Jacques,

qui épouse la trace d’éternité laissée dans le ciel par les

étoiles de la Voie lactée, semble nous y conduire...

 

Nous éprouvons alors le sentiment que Saint-Jacques de Compostelle

n’est pas le véritable terme du Chemin pour l’alchimiste. Il faut

nous enfoncer plus avant dans la Galice, cette terre celtique qui a

conservé de nombreux dolmens et les vestiges de villages celtes qu’on

appelle des « castros ». Ce sont les lieux d’une véritable initiation,

transmise depuis l’aube des temps dont Patrick Burensteinas nous

montre le déroulement. Ils font revivre la naissance et la mort,

avec la participation des forces de la Nature. Ils amènent ainsi

l’alchimiste à un état d’esprit qui lui permettra de fabriquer la

Pierre Philosophale. Mais encore lui faut-il trouver la Matière

Première de l’Oeuvre...

 

En approchant de « la Côte de la Mort », - car c’est ainsi qu’on appelle

la côte de la Galice -, tout un jeu de légendes, de mythes et de

traditions guide l’alchimiste vers une plage précise où il va enfin

pouvoir recueillir cette Matière Première. Ce lieu est voisin du cap

Fistera  (la « fin de la terre ») qui marque aussi la véritable fin du

voyage pour un certain nombre de pèlerins de Saint-Jacques....

 

Certes, la Matière Première de l’Oeuvre peut se trouver ailleurs en

Europe, dans des mines, mais le chemin de Compostelle offre à

l’alchimiste la condition essentielle de sa réussite : sa

transformation intérieure, une perception différente des choses, des

êtres et du monde. C’est un peu comme si, au bout du Chemin, nous

avions déjà rencontré les effets de la Pierre : nous sommes « ici »

mais nous commençons, par la biais du film et des images, à nous

sentir « ailleurs ».

 

Il est alors temps de se mettre au travail dans le laboratoire

alchimique et d’appliquer des modes d’emploi précis. Désormais, nous

sommes à même de les comprendre. Nous en découvrirons les premiers

éléments en passant à nouveau devant la cathédrale de Chartres, puis

en déchiffrant le message de Nicolas Flamel qui avait lui aussi,

selon sa légende, fait le voyage de Saint-Jacques. Enfin, des églises

parisiennes nous livreront quelques derniers secrets : tel sera le

contenu de notre sixième étape, avant l’ultime récapitulation et

l’aboutissement de nos travaux et de notre périple, à Notre-Dame de Paris.

 

 

 

Commandez les films

 

 

L’alchimie est une discipline (art ou science) dont l’objet est l’étude de la matière et de ses transformations. L’un des objectifs de l’alchimie est la réalisation du Grand Oeuvre, c’est-à-dire la fabrication de la mystérieuse Pierre Philosophale qui permettrait la transmutation des métaux vils comme le plomb par exemple, en métaux nobles comme l’or et l’argent. Un autre objectif de l’alchimie est la recherche de la panacée (médecine universelle) et la prolongation de la vie au-delà des limites ordinaires. La pratique de l’alchimie et les théories de la matière sur lesquelles elle repose, ne sont pas séparables d’une certaine forme de quête spirituelle et initiatique. Plus que la fabrication de l’or matérielle, le but de l’alchimie offre la possibilité d’une réelle transmutation intérieure de l’être humain.

 

 

 

LE VOYAGE ALCHIMIQUE

avec Patrick Burensteinas scientifique (physicien au CEA) et alchimiste.

Musique originale Gilbert Grill.

Un film de Georges Combe.

 

 

Bruxelles est la première étape de notre Voyage Alchimique. On sait que les alchimistes, pour parfaire leurs connaissances et se mettre en accord avec les énergies du monde et de la nature prenaient les routes de Saint-Jacques de Compostelle. Bruxelles est un point de départ de ce pèlerinage. Précisément la Grand’Place, au pied de Saint-Michel sur le beffroi de l’hôtel de ville. C’est pourquoi notre série le « Voyage alchimique » commence à Bruxelles.

 

Quand Bruxelles fut bombardé par les armées de Louis XIV, la Grand’Place fut détruite, mais aussitôt reconstruite sous les ordres de Guillaume de Bruyn, architecte et magistrat de la ville, et selon un plan décoratif bien précis, comme s’il y avait un message à transmettre. Aujourd’hui, la décoration des façades interpellent tous les visiteurs et les passants, qui scrutent ces emblèmes d’un air interrogatif. Que signifient tous ces motifs ? Sont-ils les symboles des corporations de métier, les enseignes d’échoppes et de commerces, des représentations politiques ou religieuses ? Tout cela bien entendu. Mais ce que ne disent pas la plupart des guides touristiques, c’est que ce décor est aussi une façon discrète de parler de l’alchimie et de ses secrets « hermétiques ». Seuls ceux qui ont déjà quelques connaissances sur ce sujet peuvent évidemment les déchiffrer.

 

Patrick Burensteinas, scientifique et alchimiste va décoder pour nous ces messages. Les trois roses de la « Rose blanche » peuvent évoquer les trois oeuvres de l’alchimie, d’autant plus que juste à côte, on trouve l’enseigne des « trois couleurs » qui rappellent les trois couleurs de l’Oeuvre : noir, blanc, rouge. La statue de Saint-Nicolas avec les trois enfants mis au saloir illustre bien entendu la légende que nous connaissons tous, mais derrière cette légende ne peut-on lire le rôle du Sel, lié au Soufre et au Mercure, ces trois Principes si importants en alchimie ? Et dans les décorations que surplombe Saint-Nicolas, on peut déchiffrer tout le processus alchimique. La « Justice », avec son épée et sa balance (qui doit être équilibrée), montre « la voie du milieu », qui est le cheminement que l’alchimiste doit suivre dans ses travaux.

 

Cette lecture pourrait sembler artificielle si elle ne se complétait pas par de nombreux autres motifs : l’alchimiste se définit comme un « artiste », amoureux de la musique, de la peinture et des mots. La trompette de la maison du « Roi d’Espagne » peut  évoquer la musique. Un peu plus loin le paon, symbole des couleurs, fait penser à la peinture. Sur la maison dite du « Duc de Brabant », deux moulins à vent sont l’image d’une phrase de la « Table d’Emeraude », la bible des alchimistes, attribuée à Hermès Trismégiste : « Le vent l’a porté dans son ventre »..., ce « ventre du vent » que voulait explorer Don Quichotte, en combattant les géants à travers les moulins à vent. Le roman de Cervantès a des connotations alchimiques évidentes. Enfin, l’alchimiste qui cherche la « Pierre Philosophale » se définit comme un philosophe, un « sage ». C’est ce que suggère la présence de l’ermite, à quelques mètres de là, absorbé dans la lecture d’un gros livre.

 

Pour étayer cette lecture, on rapproche les emblèmes de la Grand ’Place de Bruxelles de nombreuses images, aux accents surréalistes, empruntées aux traités d’alchimie des XVème, XVIème et XVIIème siècles : le paon de l’Aurora Consurgens, associé aux musiciens de la Splendeur du Soleil, la balance du Mutus Liber, le cerf du Musée Hermétique et de la Splendeur du Soleil, présent sur la place avec « l’auberge du cerf » ou enfin les gravures étonnantes de l’Atalante fugitive qui associent peinture, musique et littérature. Bien d’autres motifs viennent encore soutenir cette lecture alchimique de la Grand ’Place, qui prend tout à coup un sens précis. Ce centre symbolique de l’Europe revêt une dimension alchimique qui semble indiscutable.

 

En parcourant la Grand ’Place avec notre alchimiste, c’est donc toute l’alchimie qui nous est présentée. Mais l’alchimie n’est pas une science au sens moderne du terme, et comprendre l’alchimie ne peut se faire par un simple travail intellectuel. Il faut vivre le rapport que l’alchimiste entretient avec la nature (avec la matière aussi). C’est pourquoi la Grand ’Place n’est qu’une introduction poétique et symbolique à l’univers de l’alchimie. Il faut faire le voyage, et après seulement, on aura saisi toutes les implications de la démarche alchimique, et si on le souhaite, on pourra se mettre au travail du laboratoire.

 

La Grand’Place de Bruxelles donne à l’alchimiste un guide précieux pour notre voyage : Saint Michel, le patron de la ville. Il terrasse le dragon et relie avec son épée le feu contenu dans la matière, incarnée par le dragon, au feu céleste de l’esprit, dont saint Michel est la représentation. C’est là tout le sens de la démarche de l’alchimiste : relier le feu secret au feu d’« en haut. « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut », dit La Table d’Emeraude. Le porche de l’hôtel de ville montre ce lien que doit faire l’alchimiste, et le montre même trois fois : avec Saint-Michel, repris du beffroi, Saint-Georges et Saint-Christophe. C’est là comme la signature de cette lecture alchimique de la Grand ’Place.

 

Certes, la présence du Grand Œuvre alchimique dans les décorations de la Grand’Place a été détectée ou pressentie par de nombreux écrivains et alchimistes, en particulier par Paul de Saint Hilaire dans sa « Lecture alchimique de la Grand ’Place de Bruxelles » aux éditions du Cosmogone. Mais si les fondamentaux de l’alchimie sont communs à tous, les interprétations sont souvent personnelles. Notre vision de la Grand ’Place est plus simple, moins technique et sans doute moins érudite que celle de Paul de Saint Hilaire. Elle est plus spectaculaire et répond à l’esprit de notre film qui est destiné au grand public : présenter une approche inédite de lieux que tout le monde connaît, faire connaître l’univers merveilleux de l’alchimie, faire découvrir des facettes méconnues de la culture occidentale, et surtout faire rêver et émouvoir en renouvelant toute la beauté et la poésie de ces lieux. Pour cela on ne peut imaginer meilleure introduction que la Grand ’Place de Bruxelles.

 

Notre Voyage Alchimique vous invite à découvrir le monde complexe et extraordinaire de l’alchimie. C’est un voyage, aussi cette découverte se fait pas à pas, en regardant autour de soi, en rassemblant les pièces d’un vaste puzzle disséminées sur des sites et des monuments prestigieux, en prenant son temps. Car l’alchimie n’est pas une science au sens habituel du terme, c'est-à-dire un univers rationnel où (presque) tout s’explique. L’alchimie est une perception du monde qui met en oeuvre à la fois la raison, la sensation, la culture, l’émotion et la pratique. C’est une sorte de philosophie et de quête artistique : ne parle-t-on pas de Grand Oeuvre, de « Pierre philosophale », et l’alchimiste ne se définit-il pas comme un « artiste » ? On ne peut alors être étonné de voir que ce voyage alchimique nous emmène dans des lieux célèbres pour leur architecture, leurs décors, leurs sculptures, leur rayonnement spirituel, artistique et intellectuel. Mais pour les comprendre, nous suivons un alchimiste, qui est aussi un scientifique, Patrick Burensteinas. Il fait le lien entre les lieux (l’oratoire) et le laboratoire.

 

Ce voyage est  structuré. Il ressemble à une quête, à un parcours initiatique qui va nous faire passer, comme toute quête, d’un monde connu et quotidien, à un monde non ordinaire, où l’espace et le temps prennent d’autres dimensions. Nous partons ainsi de Bruxelles, la « capitale » de l’Europe, sur sa Grand’Place parcourue par la foule des badauds, des touristes et des promeneurs. Mais personne ne peut s’empêcher de lever les yeux pour regarder les décorations innombrables qui ornent les façades. Elles semblent mystérieuses et chacun y va de son interprétation. En fait elles sont des clefs (pour une part alchimiques), qui vont ouvrir les portes de notre voyage à travers l’Europe. Il va suivre les chemins traditionnels de Saint-Jacques.

 

Nous allons donc quitter la foule et le quotidien pour entrer, lors de notre deuxième étape, dans un lieu plus intemporel, celui d’une cathédrale par exemple, et l’une des plus célèbres : Chartres. Nous sommes encore dans un univers architecturé, structuré, et parcouru de nombreux visiteurs. Mais là, tout est fait pour élever notre esprit et notre sensibilité vers d’autres dimensions du monde : le labyrinthe, les couleurs des vitraux, la musicalité de l’architecture, les mystères des cryptes et des Vierges Noires. Ce lieu chrétien semble résumer et reprendre l’essence même de toutes les religions, qui est de nous faire accéder à une autre perception du monde. Aussi l’alchimiste ne peut s’empêcher d’évoquer ici le texte fondateur de la démarche alchimique, la fameuse et légendaire Table d’Emeraude attribué à Hermès Trismégiste, le dieu égyptien Thot. Il n’y a pas là une lecture abusive de la cathédrale, car au centre d’une autre cathédrale, celle de Sienne en Toscane, on trouve une mosaïque qui représente Hermès Trismégiste, perçu ici comme un annonciateur du Christ. La Table d’Emeraude est un texte d’inspiration mystique et sans doute une émanation des philosophies gnostiques d’Alexandrie. Elle suggère l’origine de l’alchimie occidentale, dont on s’accorde à penser qu’elle est égyptienne. Ainsi sans nous faire un discours ou un cours, le voyage commence-t-il à nous familiariser avec les thèmes et les buts profonds de l’alchimie.

 

Chartres, par son architecture, élevait notre esprit. Le Mont Saint Michel est lui aussi un lieu religieux, médiéval et architecturé, mais tout le cheminement que le parcours du Mont nous invite à faire est une ascension, depuis la profondeur obscure de Notre-dame-sous-Terre jusqu’au cloître et à l’église abbatiale qui s’ouvre sur le ciel et l’infini de la baie, le chant du vent et des oiseaux. Le Mont-Saint Michel, par son architecture et sa situation, nous pousse à découvrir la Nature. L ’alchimiste travaille la Nature. Il se définit comme un « laboureur », il écoute et comprend le chant des oiseaux, il s’exprime dans la « langue des oiseaux ». Et le rocher du Mont Saint-Michel est pour nous un lieu privilégié destiné à nous familiariser avec cette langue. Elle est faite de jeux de mots, une approche alchimique du langage : on décompose les mots (comme dans l’Oeuvre au noir on décompose la matière), puis on les recompose en y découvrant de nouveaux sens (une sorte d’Oeuvre au Blanc). Ainsi, l’or, n’est-ce pas de l’ « O » dans l’ « R » ? Lacan, les psychanalystes, les surréalistes et les légendes ont eu recours à cette langue des oiseaux pour apercevoir d’autres dimensions du monde et de la Nature.

 

Le Mont Saint-Michel a ainsi pu nous faire passer du monde civilisé et architecturé des hommes à celui de son environnement : la nature. Il reste à mieux la comprendre, et c’est le rôle de l’étape suivante : Rocamadour. Rocamadour est certes un lieu de pèlerinage médiéval, mais il est vécu par l’alchimiste comme une porte qui conduit au coeur de la nature, ici la vallée de l’Alzou, le « Val Ténébreux » comme on l’appelait autrefois. Dans cette vallée encaissée, à l’abri des hommes, nous apprenons à écouter la nature, à percevoir ses énergies, ses éléments, qui ont été « personnifiées » dans les contes par les elfes, les sylphes, les gnomes, et les salamandres : ce sont les « élémentaux », ces esprits de la nature que l’alchimiste doit savoir se concilier. Ils lui permettront d’ « ouvrir » la matière, mais sans violence extérieure et artificielle, de façon « naturelle » en somme. C’est ici qu’on peut comprendre pourquoi la démarche alchimique évoque certains principes de la physique quantique où l’expérimentateur a une place essentielle dans l’expérience (quand il travaille sur l’infiniment petit, ce qui est le cas de l’alchimiste qui essaie de restructurer la matière et ses atomes).

 

Ayant renoué le contact avec la Nature , l’alchimiste arrive enfin à Saint-Jacques de Compostelle. Mais ce n’est pas la cathédrale qui va être le terme de son parcours. Il doit traverser la Galice , ensuite aller au bord de l’Océan, à Fistera, là où se finit la Terre , sur la « Côte de la Mort  ». Et là, comme des milliers de pèlerins, il regardera le Soleil tomber dans la Mer. Vision certes romantique, mais aussi initiatique, car la Table d’Emeraude ne se termine-t-elle pas par cette sorte de définition du travail alchimique, « voilà ce qu’il fallait que je dise de l’oeuvre du soleil » (« completum est quod dixi de labore Solis »). Mais comment entreprendre cette oeuvre du Soleil ? On dit que sur une plage de Galice on pouvait trouver une des matières premières de l’alchimiste : l’antimoine. L’alchimiste revient donc de Saint Jacques en ayant « compris » ce qu’était la matière première. Il reste à la travailler. Le retour de Saint-Jacques s’effectuait souvent par la mer, comme l’indique la légende de Nicolas Flamel. C’est que la mer (« allée avec le soleil »...) peut aussi être une image de la matière devenue liquide dans le creuset. C’est le travail du laboratoire qui commence.

 

Notre voyage alchimique se termine par deux étapes : la première nous ramène d’abord à Chartres. A l’extérieur de la cathédrale, on peut découvrir des médaillons sculptés qui racontent et expliquent les phases du travail de l’alchimiste. On les retrouve, identiques et plus complets à Amiens et sur Notre-Dame de Paris. Pour compléter son instruction (technique) cette fois, l’alchimiste se rend enfin à Paris, où il retrouve les traces de Nicolas Flamel. Il peut aussi déchiffrer des vitraux très explicites, ceux de l’église Saint-Etienne du Mont ou des stalles très parlantes, celles de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais. Les opérations du Grand Oeuvre y sont évoquées.

 

Mais surtout, dans notre septième et dernière étape, c’est sur le porche central de Notre-Dame de Paris que l’ensemble des travaux de l’alchimiste est montré. Vingt-quatre médaillons (et même un peu plus) racontent comment parvenir jusqu’à la Pierre Philosophale. Ce n’est pas là une découverte. Dès le XVIIème siècle on avait vu le sens alchimique de ces sculptures (Gobineau de Montluisant, puis plus tard, au XIXème siècle, Cambriel, et enfin Fulcanelli au début du XXème siècle avec son ouvrage célèbre : Le Mystère des Cathédrales). Patrick Burensteinas nous explique donc à son tour le sens de ces médaillons, mais surtout il les met en pratique dans son laboratoire, aussi bien par la voie du feu, la voie sèche que par la voie de l’eau, la voie humique.

 

Ainsi se termine le Voyage Alchimique. Il n’a pas pour but de faire de ses spectateurs de futurs alchimistes. Il a simplement pour objectif de faire voir quelques lieux célèbres (et bien d’autres qui n’ont pu être montrés ici) avec un autre regard, un regard neuf. C’est une façon de « ré-enchanter » le monde, de retrouver notre âme d’enfant, et de mieux comprendre les oeuvres des artistes (qui sont eux aussi de grand enfants). Tout le long de notre voyage nous avons ainsi rencontré le souvenir et l’esprit des contes de fées, des opéras (l’Orfeo, la Flûte Enchantée , Siegfried), des romans (Don Quichotte, Gargantua), des tableaux (Bruegel). Nous avons aussi approché quelques-unes des origines de notre civilisation, notre « enfance » collective. Est-ce à dire que l’alchimie n’est qu’un leurre, une illusion, et la Pierre Philosophale un simple mythe ? Chacun en jugera. Mais en tout cas, ce voyage montre et démontre l’importance que la pensée alchimique a pu avoir dans toute la culture occidentale, qu’elle soit littéraire ou scientifique. Par ce voyage alchimique, nous espérons avoir fait oeuvre de connaissance et d’humanisme et avoir transmis les émotions subtiles que distillent ces lieux extraordinaires.

Georges Combe.

 

 

La façade de Notre-Dame de Paris.

 

 

 

 

Retour Accueil Dossiers